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vendredi 30 avril 2010

Histoire d'en rire


Poème lu en public à l'occasion de la manifestation "Le Printemps des poètes" le 14/03/09
Egalement publié sur le site de la Mairie de Gif-sur-Yvette le 9/03/09


Texte protégé par le droit d'auteur (SACD)
Texte inclus dans le spectacle "Histoire d'en rire" - comédie à sketches - 12 textes

 
Histoire d'en rire

Parler d'humour…
De vous faire rire,
Eût été plus utile,
Mais relève pour moi,
De l'impossible exploit.
Un poème sur mesure,
Détourné de ses rimes,
De ses vers mesurés.
La poésie du rire,
De toutes les contraintes,
Se doit d'être affranchie.
Pour rester poétiques,
Les mots ont leur musique.
Poésie libre en vers,
De nature à surprendre,
A vous faire activer
L'ensemble de vos muscles,
Nommés zygomatiques.
La panne d'écriture,
Au poète, cause aussi
Hélas, bien des tourments.
Alors, c'est à sa plume
Qu'il s'en remet vraiment.
Elle saura lui trouver
Les mots d'esprit, sans doute,
Pour vous faire, tout au moins,
Esquisser un rictus.
Je la prends dans ma main,
Et la plume, tout à coup,
S'agite violemment,
Et crache de son encre
Quelques mots qui s'égarent :
«Rigoler, ricaner,
Se poiler, se marrer,
Pouffer, se bidonner,
Se gondoler, pisser
De rire, se fendre la
Gueule…»
J'essaie de mes deux mains
De retenir ma plume
Ne sachant, je l'assure,
De qui elle tient vraiment
A user d'un langage
Aussi peu raffiné.
Vers quelle destinée
Funeste et insensée
M'entraînera-t-elle, moi,
Bien malheureux poète ?
D'un coup sec, je parviens
Sans mal, à lui ôter
Son réservoir, son sang,
Otant du même coup
Son venin malfaisant.
Et je me tourne alors,
Vers cet humble crayon,
Usé jusqu'à la pointe,
Qui se présente à moi
Pour me sauver des eaux
Le tenant fermement,
Le poussant à écrire,
Appuyant sur sa pointe,
Je n'ai pour tout effet,
Qu'une mine cassée,
Des graffitis immondes,
Une feuille trouée.
Délaissant le crayon,
Et sa mine défaite,
Je reprends, sans mot dire,
L'impertinente plume,
Et lui fais bien comprendre
Que le monde serait
A ses pieds, tout entier,
Si toutefois, enfin,
Simplement elle daignait,
En deux mots bien trouvés,
Amuser l'assemblée.
Elle reprend sa cartouche
De sang et de mystère,
Puis crisse bruyamment
De sa pointe acérée.
Mais son encre séchée,
Rend les mots invisibles,
Sur la page froissée.
Et moi, n'y tenant plus,
N'y comprenant plus rien,
Et vous non plus, sans doute,
J'en perdrais mon latin.
Que de prétextes, tous deux
Ont trouvés, pour me nuire,
La plume et le crayon
Dans leur grand jeu de mime.
Mais j'eusse été heureux
D'entendre votre rire,
Aux éclats, et bien pire,
Et de voir de mes yeux
Vos muscles s'activer,
Et votre bouche immense
Demeurer grand-ouverte
Et vos dents magnifiques,
Et toutes vos couronnes
Que j'eusse pu bien compter.

 Laura Krasnopolsky

Traduit en espagnol par Cesar Andrade, poète (Venezuela)


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