Les mots qui expriment les valeurs essentielles, ont autant de définitions qu'il existe de cultures, autant d'interprétations qu'il existe d'êtres humains. Il en va de même pour l'humour, multiple et varié, originaire d'univers différents. Aux structures diverses, -de la simple critique à la dérision, de la finesse à la vulgarité, de la bienséance à l’indécence, du cynisme à la caricature, de la réflexion à la provocation-, l'humour s'est forgé à travers le temps une image de lui-même s’imprégnant ici et là de quelque coutume pour se fondre dans la culture et son histoire. « Le rire est le propre de l'homme » dira-t-on et l'humour en est l'élément déclencheur. Cet humour vital aux contours flous, se voulant le fruit d'une expression passionnément libre, a été à travers les siècles, considéré comme une arme redoutable par ceux qui tiennent les rênes du pouvoir temporel et spirituel qui régissent la société et réglementent le comportement de l'individu. Tout humour relève d'une culture propre liée à l'histoire et à son évolution, bien encrée dans un périmètre déterminé. Lorsque ce périmètre est élargi sans précaution, cet humour peut avoir des effets dévastateurs. L' « humour noir » propre à la culture anglaise, peut être interprété comme un manque de " respect dû aux ancêtres " au regard d'autres cultures. Cette forme d'humour a pourtant été conçue de façon semi-consciente comme un dérivatif, une échappatoire, une libération. Elle démystifie les choses, dédramatise, tourne en dérision une situation bouleversante, difficilement supportable. Curative pour les uns, offensante pour les autres. De même, critiquer le racisme en le représentant à son plus haut degré d’aberration, peut avoir des effets contraires à ceux escomptés, si l'humour est pris au premier degré. Comme un mot peut être perçu au sens propre ou au sens figuré, le jeu humoristique peut proposer différents niveaux de lectures. Car tout humour décalé ou provocateur, de par sa structure et ses techniques, s'il est perçu sans la moindre distance, exercera une violence profonde sur les esprits non avertis. La première réaction, quelle qu'elle soit, ne devrait être que passagère, juste le temps pour la représentation humoristique de produire son effet et d'attirer l'attention. Un certain recul reste nécessaire pour entrevoir l'humour au deuxième ou au troisième degré. Il ne s'agit alors que d'une représentation qui, au vu et au su de tous, a été conçue pour refléter une image détournée de la réalité. L'humour décalé, ne se déclinant qu'à travers des situations irréalistes ou grotesques, peut néanmoins faire preuve de pertinence jusqu'à parfois même soulever des interrogations au moyen d'une image métaphorique. Le problème concernant l'humour, comme le mot, n'est en définitive qu'une question de perception, d'interprétations aussi variées que contradictoires, toutes forgées par un environnement culturel différent fait de codes rigoureux, mais aussi d'interdits et de tabous.